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Page:Tertullien - Apologétique, trad Valtzing, 1914.djvu/96

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Je le demande aux Romains eux-mêmes, à la plèbe qui est née sur les sept collines : est-il un César que la langue des Romains épargne ? Témoin le Tibre et les écoles de bestiaires ! — 7. Et si la nature avait mis devant les cœurs une sorte de matière diaphane, qui laissât transparaître les pensées, quel est le Romain dans le cœur duquel on ne verrait pas gravée la scène d’un César succédant sans cesse à un autre César et présidant à la distribution du congiaire, et cela à l’heure même où l’on crie : « Que Jupiter prenne sur nos années pour ajouter aux tiennes ! » C’est un langage qu’un chrétien ne saurait tenir, de même qu’il ne sait pas souhaiter un nouvel empereur !

8. « C’est le peuple ! » diras-tu. C’est le peuple, soit, mais cependant ce sont là des Romains, et il n’y a pas d’accusateurs plus acharnés des chrétiens que le peuple. — Apparemment, les autres ordres de l’État sont sincèrement attachés au culte impérial à proportion de leur élévation : pas un souffle hostile ne vient du sénat lui-même, de l’ordre équestre, des camps, du palais même ! — 9. D’où sont donc sortis les Cassius, les Niger et les Albinus ? Et ceux qui attaquent un César au lieu dit « entre les deux lauriers » ? Et ceux qui, pour s’exercer à la palestre, lui serrent la gorge et l’étouffent ? Et ceux qui font irruption dans le palais, les armes à la main, plus audacieux que tous les Sigérius et tous les Parthénius ? Ils sont sortis des rangs des Romains, si je ne me trompe, c’est-à-dire des non-chrétiens. — 10. Et, ce qui est plus fort, jusqu’au moment même où éclata leur impiété, tous ces gens-là offraient des sacrifices pour le salut de l’empereur et juraient par son génie, autres en public et autres chez eux, et ne manquaient pas, j’en suis sûr, de donner le nom d’ennemis publics aux chrétiens.

11. Mais ceux-là mêmes qui aujourd’hui encore et