Page:Tertullien - De paenitentia. De pudicitia, 1906.djvu/100

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deviendra aussi odieux au Seigneur que cher au rival de Dieu.

[10] Mais, disent quelques-uns, il suffit à Dieu qu’on l’honore avec le cœur et l’esprit, même indépendamment des actes : on pèche sans perdre la crainte ni la foi. — Autrement dit, on profane le mariage sans outrager la chasteté, on verse le poison à son père en gardant la piété filiale ! [11] Eh bien, de même, ces gens-là seront précipités dans la géhenne sans perdre le pardon, puisqu’ils pèchent sans perdre la crainte. Premier exemple de leurs extravagances ! ils pèchent parce qu’ils craignent. Sans doute ne pécheraient—ils pas, s’ils ne craignaient pas ? [12] Alors que celui qui ne veut pas offenser Dieu ne le respecte pas du tout, si la crainte autorise l’offense. Mais ces idées-là germent ordinairement de la semence des hypocrites qu’une amitié inséparable lie au démon et dont la pénitence n’est jamais fidèle.

VI. [1] Tout ce que ma faible parole s’est efforcée de suggérer sur la nécessité de faire pénitence une fois et de la garder ensuite inviolablement regarde tous ceux qui se sont donnés au Seigneur, puisque tous souhaitent le salut en se créant des titres aux yeux de Dieu. Mais cela tombe surtout sur les jeunes novices qui commencent seulement à ouvrir leurs oreilles à la parole divine et qui, comme de tout jeunes animaux, rampent d’une allure hésitante sans que leurs yeux soient encore bien ouverts. Ils disent bien qu’ils renoncent au passé et qu’ils entreprennent de faire pénitence, mais ils négligent d’y apporter la conclusion. [2] Ce fait même qu’ils renoncent à tout désir les sollicite à désirer