Page:Tertullien - De paenitentia. De pudicitia, 1906.djvu/104

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condition d’homme libre, se reproche ses larcins et ses fuites ? Quel est le soldat qui, une fois son congé obtenu, se tracasse des flétrissures reçues ? [8] Le pécheur doit pleurer sur lui-même avant le jour du pardon, parce que le temps de la pénitence est aussi le temps du péril et de la crainte.

[9] Je ne nie point que le bienfait divin, c’est-à-dire l’effacement des péchés, ne subsiste intégralement pour ceux qui vont entrer dans l’eau du baptême : mais il faut souffrir pour avoir le bonheur d’en arriver là. Qui donc oserait en effet, à toi dont la pénitence est si peu sûre, te concéder l’aspersion d’une seule goutte de n’importe quelle eau ? [10] A dire vrai, il t’est facile de t’en approcher en fraude, et de circonvenir par tes affirmations celui qui est préposé à ce rite. Mais Dieu veille à son propre trésor et il ne permet pas que les indignes s’y glissent furtivement. Que dit-il enfin ? « Il n’est rien de caché qui ne doive être révélé un jour. » De quelques ténèbres que tu aies enveloppé tes actions, Dieu est lumière, [11] Certains estiment que Dieu est forcé d’accorder même aux indignes quelque chose de ce qu’il a promis : ils transforment sa générosité en servitude. [12] Si c’est de force qu’il nous accorde le symbole de mort, il le fait donc malgré lui. Car qui permet qu’un présent donné à contre-cœur subsiste ? — [13] Mais n’y a-t-il pas bien des gens qui tombent après l’avoir reçu ? un grand nombre ne se voient-ils pas dépouillés de ce bienfait ? —Justement, Ce sont eux qui s’en sont approchés furtivement et qui, faisant violence à la foi de la pénitence, construisent sur le sable une maison destinée à la ruine.