Page:Tertullien - De paenitentia. De pudicitia, 1906.djvu/106

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[14] Que nul donc ne se flatte, sous prétexte qu’il est compté parmi les écoutants encore novices, qu’il lui soit encore permis de pécher. Dès qu’on connaît le Seigneur, il faut le craindre ; dès qu’il s’est montré, il faut le révérer. [15] Autrement à quoi bon le connaître, si tu commets les mêmes fautes que dans ton ignorance de jadis ? Qu’est-ce qui te distingue d’un complet serviteur de Dieu ? Il y a-t-il un Christ pour les baptisés, un autre Christ pour les écoutants ? [16] Leur espoir est-il différent, différente leur récompense, différente leur crainte du jugement, différente l’obligation qui leur incombe de faire pénitence ? Ce bain du baptême est le sceau de la foi : mais cette foi prend son point de départ et se recommande de la sincérité delà pénitence. [17] Nous ne sommes pas plongés dans l’eau pour mettre fin à nos péchés ; mais, parce que nous y avons mis fin, déjà nous sommes moralement lavés. Le premier baptême de l’écoutant, c’est une crainte parfaite ; puis, jusqu’au moment de sentir le Seigneur, une foi saine, une conscience qui a une fois pour toutes embrassé la pénitence.

[18] Au surplus, si nous cessons de pécher seulement à partir de l’eau baptismale, c’est par nécessité, et non de notre gré propre que nous nous revêtons d’innocence. Or qui des deux a le plus de mérite à être bon, celui à qui il n’est pas permis d’être méchant, ou celui qui ne veut pas l’être ? celui à qui l’on commande de s’abstenir de crimes, ou celui qui trouve dans cette abstention une joie ? [19] Eh bien ! ne détournons plus nos mains du larcin, à moins que la solidité des portes ne nous arrête ; ne défendons pas à nos yeux de convoiter