Page:Tertullien - De paenitentia. De pudicitia, 1906.djvu/108

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

la débauche, à moins que nous ne soyons écartés par ceux qui gardent les corps désirés, s’il est vrai qu’aucun de ceux qui se donnent à Dieu ne doive cesser de pécher qu’autant qu’il est lié par le baptême. [20] Un homme qui pense ainsi, je ne sais si, une fois baptisé, son dépit n’est pas plus grand de cesser de pécher que sa joie n’est grande d’échapper au péché. Les écoutants doivent donc souhaiter le baptême, et non pas l’escompter à l’avance. [21] Celui qui souhaite, honore ; celui qui escompte, s’enorgueillit. Dans l’un, c’est le respect que l’on voit ; dans l’autre, c’est l’effronterie. L’un se donne du mal, l’autre se laisse aller. Ce que l’un veut mériter, l’autre se le promet comme une chose due. L’un prend, l’autre s’empare avec violence. [22] Lequel considères-tu comme le plus digne, sinon le mieux corrigé ? et lequel est le mieux corrigé, sinon le plus timoré et qui, par cela même, a fait véritablement pénitence ? Il a craint en effet de pécher encore, de peur de ne point mériter de recevoir. [23] Mais le présomptueux, se promettant tout à l’avance, et dès lors en sécurité, n’a pu connaître la crainte : il ne s’est donc pas acquitté de la pénitence, faute de ce qui est l’instrument de la pénitence, je veux dire de la crainte. [24] La présomption est une des formes de l’impudence : elle enhardit celui qui demande, elle méprise celui qui donne. Aussi ne va-t-elle pas sans désappointements. Car avant même que le don soit acquis, elle compte dessus, ce qui ne manque jamais d’offenser celui qui doit l’accorder.

VII. [1] Puissent, ô Seigneur Christ, tes serviteurs n’en dire et n’en entendre sur la discipline de la pénitence