Page:Tertullien - De paenitentia. De pudicitia, 1906.djvu/110

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que juste assez pour connaître le devoir qui incombe aux écoutants de ne point pécher : ou bien qu’ils ne sachent rien de la pénitence, qu’ils n’en attendent rien ! [2] J’ai quelque répugnance à faire ensuite mention du second, du dernier espoir. Je crains, en traitant de la ressource qui reste encore au repentir, de sembler ouvrir une nouvelle carrière au péché. [3] A Dieu ne plaise que personne interprète mes paroles comme si la faculté qu’il a de se repentir lui donnait aussi licence de pécher ; à Dieu ne plaise que la surabondance de la clémence céleste déchaîne la témérité humaine ! [4] Que personne ne s’avise d’être plus pervers, parce que Dieu est plus clément, en péchant autant de fois que le pardon est de fois accordé. D’ailleurs, l’immunité aura une fin, si l’offense n’en a point. Nous avons échappé une fois : n’est-ce pas nous être assez exposés au péril, même si nous croyons pouvoir y échapper encore ? [5] D’ordinaire, ceux qui se sont sauvés d’un naufrage renoncent aux navires et à la mer et honorent le bienfait de Dieu, je veux dire leur salut, en se souvenant du danger. Je loue leur crainte, j’aime leur réserve. Ils ne veulent pas être une seconde fois ci charge à la miséricorde divine. Ils redoutent de paraître faire fi de la grâce obtenue. Par un souci louable assurément, ils évitent de courir une seconde fois le péril qu’ils ont appris à redouter. [6] Ainsi mettre un frein à sa témérité, c’est attester sa crainte. Mais la crainte chez l’homme est un hommage pour Dieu.

[7] En effet notre ennemi irréconciliable ne fait jamais trêve à sa malice. Et c’est quand il sent l’homme