Page:Tertullien - De paenitentia. De pudicitia, 1906.djvu/112

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pleinement libéré qu’il sévit le plus fort ; c’est lorsqu’on l’éteint qu’il s’enflamme davantage. [8] Il faut bien qu’il s’afflige et qu’il gémisse quand, par le pardon des péchés, il voit tant d’œuvres de mort détruites chez l’homme, tant de chefs effacés d’une condamnation qui était comme son bien propre. Il s’afflige à la pensée que ce pécheur, devenu le serviteur du Christ, le jugera, lui et ses anges. [9] Aussi il l’épie, il l’attaque, il l’assiège, cherchant le moyen de frapper ses regards par la concupiscence charnelle, de prendre son âme dans les filets des délices mondaines, de renverser sa foi par la crainte des pouvoirs terrestres, ou de le détourner de la droite voie par des doctrines de mensonge : scandales, tentations, il n’est rien qu’il ne mette en œuvre. [10] Prévoyant ces sortilèges empoisonnés, Dieu a permis, qu’une fois fermée la porte du pardon, une fois tiré le verrou du baptême, il y eût encore un refuge d’ouvert. Il a placé dans le vestibule une seconde pénitence, pour qu’elle ouvre à ceux qui frapperaient : mais une fois seulement, puisque c’est déjà la seconde fois, et jamais plus désormais, puisque le pardon précédent est demeuré inutile. [11] N’est-ce pas assez d’une fois ? Tu obtiens ce que tu ne méritais plus, car tu as laissé perdre ce que tu avais reçu. Si l’indulgence du Seigneur te donne le moyen de récupérer ce que tu as perdu, sois reconnaissant d’un bienfait qu’il renouvelle ou plutôt qu’il amplifie. [12] Car rendre, c’est plus que donner, puisqu’il est plus fâcheux de perdre que de n’avoir rien reçu du tout. Cependant il ne faut pas laisser le désespoir abattre, écraser l’âme, quand on se trouve obligé à une seconde pénitence. [13] Qu’il en coûte de pécher de nouveau,