Page:Tertullien - De paenitentia. De pudicitia, 1906.djvu/116

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s’égare : le troupeau entier ne lui était pas plus cher que cette seule brebis ; c’est elle seule qu’il cherche, elle seule qu’il veut à l’égal de toutes les autres. Il la trouve enfin, il la rapporte sur ses propres épaules : car elle s’était bien fatiguée à errer ainsi.

[6] Je veux citer aussi ce père si tendre qui rappelle son fils prodigue et qui le voyant dénué de tout, mais repentant, l’accueille avec joie, immole le veau gras, célèbre sa joie par un festin. [7] Pourquoi pas ? Il avait retrouvé ce fils qu’il avait perdu et il l’avait senti plus cher, à le regagner ainsi. — Que devons-nous comprendre que figure ce père ? Dieu évidemment. Personne n’est père comme lui, ni tendre comme lui. [8] Tu es son fils : même s’il t’arrive de dissiper ce que tu as reçu de lui, même si tu reviens nu, il te recevra, puisque tu reviens, et il se réjouira plus de ton retour que de toute la sagesse de son autre fils ; mais à condition que tu le repentes du fond de l’âme, que tu compares ta faim avec l’abondance dont jouissent les serviteurs de ton père, que lu abandonnes le troupeau des porcs immondes, et que lu ailles trouver ton père, si irrité soit-il, en lui disant : « Mon père, j’ai péché et je ne suis plus digne d’être appelé votre fils. » [9] Avouer les fautes commises allège autant que de les dissimuler appesantit. Car l’aveu est le parti de la satisfaction ; la dissimulation, celui de la révolte.

IX. [1] Autant l’obligation de cette seconde et dernière pénitence est étroite, autant la preuve en doit être laborieuse. Il ne suffit pas de la réaliser uniquement dans la conscience, il faut encore qu’un acte la manifeste. [2] Cet acte, c’est, pour employer un mot grec