Page:Tertullien - De paenitentia. De pudicitia, 1906.djvu/118

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plus expressif et communément usité, l’exomologèse, par laquelle nous confessons au Seigneur notre péché : non qu’il l’ignore, mais par l’aveu il reçoit une satisfaction, dans l’aveu apparaît le sentiment de pénitence, par la pénitence Dieu est apaisé.

[3] L’exomologèse est donc à la discipline qui prescrit à l’homme de se prosterner et de s’humilier en s’imposant un régime de nature à attirer sur lui la miséricorde. [4] En ce qui concerne la mise et la nourriture, elle veut qu’on couche sous le sac et la cendre, qu’on s’enveloppe le corps de sombres haillons, qu’on abandonne son âme à la tristesse, qu’on corrige par de rudes traitements les fautes passées ; elle ne connaît d’autre part qu’un boire et qu’un manger tout simples, tel que le demande le bien de l’âme et non le plaisir du ventre. Le pénitent alimente d’ordinaire les prières par les ’ jeûnes, il gémit, il pleure, il mugit jour et nuit vers le Seigneur son Dieu, il se roule aux pieds des prêtres, il s’agenouille devant ceux qui sont chers à Dieu, il charge tous les frères d’être ses intercesseurs pour obtenir son pardon. [5] Tout cela, l’exomologèse le fait pour donner du crédit à la pénitence, pour honorer le Seigneur par la crainte du péril, pour exercer le ministère de l’indignation divine en prononçant elle-même contre le pécheur, pour frustrer, disons mieux, pour acquitter, par une souffrance temporaire, les supplices éternels. [6] C’est en prosternant l’homme à terre qu’elle le relève ; en le rendant sordide, elle le lave ; en l’accusant, elle l’excuse ; en le condamnant, elle l’absout. Moins vous vous serez épargnés vous-même, plus Dieu, croyez-le bien, vous épargnera.