Page:Tertullien - De paenitentia. De pudicitia, 1906.djvu/120

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X. [1] Et pourtant, je présume que la plupart se dérobent à ce devoir ou le diffèrent de jour en jour, parce qu’ils redoutent de s’afficher en public. Ils ont plus de souci de la honte que de leur salut ; comme ces gens qui, ayant contracté quelque maladie aux parties les plus secrètes de leurs corps, cachent leur état aux médecins et meurent ainsi avec leur pudeur. [2] Sans doute la honte ne peut se résigner à satisfaire le Seigneur irrité, à rentrer en possession du salut gaspillé ? Mais, dis-donc, toi, le pudibond, quand il s’agissait dépêcher tu gardais le front haut, tu le baisses quand il s’agit d’apaiser Dieu. [3] Pour moi, je n’accorde aucune place à la honte, quand il m’est avantageux de la mépriser, quand elle-même y exhorte l’homme en quelque sorte en lui disant : « N’aie de moi aucun souci : mieux vaut que je périsse pour toi. » [4] Certes, là où le péril qu’elle court est pénible ou jamais, c’est quand il est le fait de gens qui vous insulteront avec des propos moqueurs, là où l’un s’élève par la ruine de l’autre, et où l’on monte en se servant comme marchepied de celui qui gît à terre. Mais vivant parmi les frères, serviteurs du même maître, et pour qui tout est en commun, l’espérance, la crainte la joie, la peine, la souffrance (puisqu’ils n’ont qu’une même âme venue du même Seigneur et du même père), pourquoi les crois-tu différents de toi ? [5] Pourquoi fuis-tu ceux qui participent à ta chute, comme s’ils devaient y applaudir ? Le corps ne peut se réjouir du mal qui arrive à l’un de ses membres : il faut bien qu’il s’afflige tout entier et qu’il travaille tout entier à le guérir. [6] Là où il y a un ou deux fidèles,