Page:Tertullien - De paenitentia. De pudicitia, 1906.djvu/124

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pour séparer vos cheveux, de la poudre pour nettoyer vos dents, des ciseaux de fer ou d’airain pour faire vos ongles. Hâtez-vous de répandre sur vos lèvres et sur vos joues un éclat mensonger, une rougeur artificielle. [3] Allez chercher aussi des bains plus délicieux ; ajoutez à vos dépenses les villégiatures dans les parcs ou aux bords de la mer, recherchez l’embonpoint démesuré qu’apportent les mets raffinés, buvez de vieux vins bien dépouillés. Et si quelqu’un vous demande pourquoi vous vous donnez ainsi vos aises, répondez : « J’ai péché contre Dieu, je suis menacé de périr éternellement. Aussi, à l’heure qu’il est, je suis dans l’anxiété, je me livre aux macérations et aux souffrances, pour me rendre propice le Dieu que j’ai outragé par mes fautes. »

[4] Voyez ceux qui intriguent pour parvenir à une magistrature : ils n’éprouvent ni honte ni lassitude à essuyer des incommodités morales et physiques, et je ne dis pas seulement des incommodités, mais aussi tous les affronts, pour arriver à leurs fins. [5] Quelles vêtements grossiers n’affectent-ils pas de porter ? Quels demeures ne hantent-ils pas, pour les salutations du soir et du matin ? A l’approche de tout gros personnage, ils se font petits ; ils ne prennent part à aucune réunion amicale, ils ne s’associent à aucun dîner, ils s’exilent de tous les agréments de la liberté et de la joie. [6] Et tout cela pour le plaisir fugitif d’une seule année. Et nous, nous hésiterions à supporter, quand notre éternité est en péril, ce qu’on supporte pour briguer les haches et les faisceaux ? Nous tarderions à offrira Dieu offensé nos retranchements sur le vivre et