Page:Tertullien - De paenitentia. De pudicitia, 1906.djvu/128

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

irrévocables qu’il apporte, sait que le dictame le guérira. L’hirondelle, s’il lui arrive d’aveugler ses petits, connaît le moyen de leur rendre la vue avec sa plante, la chélidoine. [7] Le pécheur qui sait que Dieu a institué l’exomologèse pour Je rétablir en grâce, négligera-t-il ce moyen qui a rétabli le roi de Babylone sur son trône ? Pendant longtemps, ce roi avait offert à Dieu le sacrifice de sa pénitence ; il avait accompli l’exomologèse en une sordide humiliation de sept années ; ses ongles, poussés farouchement, étaient comme ceux des aigles, et sa chevelure en désordre rappelait la crinière hérissée du lion. Dur traitement ! Mais cet homme, dont ses semblables avaient horreur, trouvait grâce devant Dieu. [8] Au contraire le monarque égyptien, qui, poursuivant le peuple de Dieu jadis affligé et longtemps refusé à son maître, se précipita pour le combattre, après tant de plaies instructives, périt dans la mer qui se sépara pour livrer passage au seul peuple de Dieu, puis laissa ses flots s’écrouler. G est qu’il avait répudié la pénitence et l’exomologèse qui en est le mode d’exercice.

[9] Mais pourquoi parler davantage de ces deux planches de salut de l’homme, si j’ose dire, pourquoi me préoccuper de la question de style plus que du devoir de ma conscience ? Etant moi-même un pécheur, chargé de toutes les flétrissures et qui ne suis bon qu’à faire pénitence, je ne puis facilement me taire à son sujet, puisque Adam lui-même, le premier auteur de la race humaine et de la révolte contre le Seigneur, une fois rétabli par l’exomologèse dans son paradis, ne se lait pas non plus sur elle.