Page:Tertullien - De paenitentia. De pudicitia, 1906.djvu/130

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DE LA PUDICITÉ

[1] La pudicité, fleur des mœurs, honneur des corps, parure des sexes, intégrité du sang, garantie de la race, fondement de la sainteté, signe pour tous d’une âme saine, bien que rare, bien que malaisément parfaite et perpétuelle à grand peine, peut, en une certaine mesure, vivre dans le siècle, si la nature y prépare, si la discipline y persuade, si la sévérité y oblige ; puisque tout bien de l’âme vient de la naissance, de l’éducation ou de la contrainte. [2] Mais le mal l’emporte (c’est là le signe caractéristique des temps ultimes) : le bien ne peut plus naître, tellement les semences sont corrompues ; il ne peut plus se développer par l’éducation, tellement les études sont abandonnées, ni par la contrainte, tellement les lois sont désarmées. [3] En un mot, la vertu dont nous commençons à parler est devenue si surannée que ce n’est pas de renoncer aux passions, mais de les modérer, qui s’appelle communément pudicité, et celui-là paraît suffisamment chaste qui n’est point trop chaste. [4] Au reste, que la pudicité mondaine se débrouille avec le monde lui-même, s’il est vrai qu’elle naissait avec ses dispositions naturelles, se formait à ses études, et était contrainte au même esclavage que lui. Eût-elle subsisté,