Page:Tertullien - De paenitentia. De pudicitia, 1906.djvu/132

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elle n’en eût été que plus piteuse, étant inféconde puisque ce qu’elle faisait ne valait rien aux yeux de Dieu. Je préfère l’absence d’un bien à un bien stérile. A quoi bon être, quand on n’est bon à rien ?

[5] Mais voici que ce sont nos vertus qui maintenant s’affaissent. On jette à bas les fondements de la pudicité chrétienne, qui tire tout du ciel : sa nature par le bain de la régénération, sa discipline par le moyen de la prédication, sa sévère rigueur par les jugements extraits de l’un et l’autre Testament ; sans compter la coercition plus forte encore qu’apporté la crainte du feu éternel et l’espoir du royaume. Pour son dommage, n’aurais-je pu fermer les yeux ?

[6] J’apprends qu’un édit est porté à la connaissance des fidèles, et, ma foi, un édit péremptoire. Le Souverain Pontife, autrement dit l’évêque des évêques, édicté : « Moi, je remets les péchés d’adultère et de fornication à ceux qui ont fait pénitence. » [7] O édit, sur lequel on ne pourra écrire : Pour votre bien ! Et où ce beau cadeau sera-t-il exposé aux regards ? Là, je pense, oui, là, sur la porte des lieux de débauche, au-dessous de l’enseigne des passions. Il faut promulguer une pénitence de ce genre, là où la faute elle-même doit habiter. [8] Il faut qu’on lise le pardon là où l’on entrera en se promettant ce pardon. Mais quoi, cela est lu dans l’Église, cela s’articule dans l’Église, et l’Église est vierge ! Loin, loin de l’épouse du Christ une telle proclamation ! Elle, la vraie, la pudique, la sainte, doit préserver son oreille même de toute souillure. [9] Elle n’a personne à qui promettre de tels pardons : et, en tous cas, elle ne les promettra pas : car le temple terrestre de