Page:Tertullien - De paenitentia. De pudicitia, 1906.djvu/140

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

maître qu’il demeure ferme, ou qu’il tombe. Qui es-tu, pour juger le serviteur d’autrui ? » « Pardonne, et il te sera pardonné. »

[3] Tous ces arguments si futiles, par où ils flattent Dieu et se font plaisir à eux-mêmes, et qui, loin d’affermir la discipline, l’amollissent, par combien d’autres et tout contraires, pourrions-nous, nous aussi, les rétorquer, de manière à manifester la sévérité de Dieu et à provoquer notre constance ! [4] Dieu est naturellement bon, mais il est juste aussi. Selon les cas, il sait guérir, mais il sait aussi frapper ; il donne la paix, mais il crée aussi les maux ; il préfère la pénitence, mais il mande à Jérémie de ne plus intercéder pour un peuple pécheur : « Même s’ils jeûnent, dit-il, je n’écouterai pas leurs prières » ; [5] et encore : « N’adore plus pour ce peuple, ne demande rien pour lui dans la prière et la supplication, parce que je ne les écouterai pas quand ils m’invoqueront dans le temps de leur affliction. » [6] Plus haut, il dit encore, ce même Dieu qui préfère la miséricorde au sacrifice : « Ne me prie pas pour ce peuple ; ne me demande pas d’étendre ma pitié sur eux ; ne t’approche pas de moi pour eux, car je ne les écouterai plus » ; oui, quand ils imploreront ma pitié ; oui, quand ils feront pénitence en pleurant, en jeûnant et en offrant à Dieu leur affliction. [7] Car Dieu est « un Dieu jaloux » « dont on ne se rit point » (il s’agit de ceux qui flattent sa bonté). Il est patient, et cependant par la bouche d’Isaïe, il annonce avec menace que sa patience est à bout. « Je me suis tu. Me tairai-je toujours et supporterai-je tout ? J’ai été patient comme la femme en travail, je me lèverai et je