Page:Tertullien - De paenitentia. De pudicitia, 1906.djvu/146

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une pénitence sans pardon, point n’est besoin de faire cette pénitence-là. Il ne faut rien faire d’inutile. [2] Or c’est inutilement qu’on fera une pénitence n’aboutissant point au pardon. Mais toute pénitence doit être faite. Donc il faut que toute pénitence aboutisse au pardon, pour n’être point faite en vain. Car il ne faudrait point la faire, s’il n’y avait point de pardon pour elle. Et c’est inutilement qu’on la fait, si elle ne comporte pas de pardon ». [3] Ils n’ont point tort de formuler cette objection, puisqu’ils se sont emparés indûment aussi du fruit de cette pénitence, je veux dire du pardon. La pénitence demeure stérile quant à eux, chez qui elle n’obtient qu’une paix humaine ; chez nous au contraire, qui nous souvenons que le Seigneur seul pardonne les fautes, et conséquemment les fautes mortelles, elle est profitable. [4] Car remise entre les mains de Dieu et désormais prosternée devant lui, elle travaillera d’autant plus efficacement à son pardon qu’elle ne l’implore que de Dieu seul, qu’elle ne croit pas qu’une paix humaine suffise à sa faute et qu’elle préfère rougir devant l’Église que de rentrer en communion avec elle. [5] Assise devant ses portes, elle instruit les autres par l’exemple de son opprobre, elle appelle à son aide les larmes de ses frères, et elle revient plus riche de leur pitié qu’elle ne le serait de la communion rendue. Et si elle ne moissonne pas ici-bas, elle sème auprès du Seigneur. [6] Elle ne perd pas la récolte, elle la prépare. Elle ne manquera pas de profit, si elle ne manque pas à son devoir. Donc, ni une pénitence de ce genre n’est inutile, ni une discipline de ce genre n’est inexorable. Toutes deux honorent Dieu : l’une, ne