Page:Tertullien - De paenitentia. De pudicitia, 1906.djvu/152

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leur sanction au rang, la gravité de chacune d’elles au voisinage. Le mal a lui aussi sa dignité et sa place en tête ou au milieu des crimes.

[6] J’aperçois comme le cortège et l’appareil de l’adultère, conduit d’un côté par l’idolâtrie qui le précède, accompagné de l’autre par l’homicide qui le suit. [7] Sans aucun doute, il méritait de s’asseoir entre les deux sommités les plus hautes du crime et de tenir au milieu d’elles la place vacante avec une autorité égale dans le forfait. [8] Et qui donc en le voyant enfermé dans de tels flancs, étayé par de telles côtes, ira l’arracher de ce qui, corporellement, tient à lui, de la con-nexité des crimes qui l’avoisinent, de l’embrassement des forfaits qui y touchent, pour le faire bénéficier seul du fruit de la pénitence ? [9] Est-ce que d’un côté l’idolâtrie, de l’autre côté l’homicide, ne le retiendront pas ? Et s’ils peuvent prendre la parole, ne réclameront-ils pas ? « C’est notre coin, c’est lui qui nous lie ensemble. A notre ligne extrême est l’idolâtrie, l’adultère nous sépare et forme le lien entre nous. Nous sommes unis à lui qui se dresse au milieu de nous. L’Écricriture divine a fait de nous un seul corps, les lettres saintes elles-mêmes sont notre ciment ; il ne peut rien sans nous. [10] Moi, l’idolâtrie, je procure mainte occasion à l’adultère. Mes bois sacrés, mes montagnes, mes eaux vives, et aussi les temples des villes, savent combien j’aide à ruiner la pudicité. [11] Moi aussi, l’homicide, je travaille quelquefois pour l’adultère. Sans parler des tragédies, les empoisonneurs, les magiciens, savent combien de séductions je venge, combien de rivalités j’écarte, combien de