Page:Tertullien - De paenitentia. De pudicitia, 1906.djvu/160

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[12] Nous aussi, nous avons pour appuyer notre opinion d’antiques exemples de fornication non seulement impardonnée, mais encore châtiée jusqu’au bout. [13] Il nous suffirait de citer ces vingt-quatre mille hommes, nombre immense, qui périrent d’un même coup pour avoir forniqué avec les filles de Madian. Mais pour la gloire du Christ, je préfère faire dériver du Christ lui-même la discipline. [14] Admettons, si les Psychiques y tiennent, que les premiers temps aient eu licence de commettre toutes les impudicités, que la chair ait pris ses ébats avant le Christ, bien plus, qu’elle se soit perdue avant d’être recherchée par son Seigneur. C’est qu’elle n’était pas digne encore du don du salut, elle n’était pas apte au devoir de la sainteté. [15] Elle était encore jugée en Adam avec sa nature vicieuse, volontiers avide de ce qui flattait ses yeux, tournant en bas ses regards, et contenant avec des feuilles de figuier l’ardeur de ses désirs. Partout s’attachait le poison de la débauche et ses souillures ineffaçables, parce qu’il n’y avait point eu jusqu’alors d’eau capable de les nettoyer. [16] Mais dès que le Verbe de Dieu descendit dans une chair que le mariage même n’avait pas descellée, et que « le Verbe fut devenu chair », chair que le mariage même ne devait pas desceller, chair qui devait se mettre sur le bois, non de l’incontinence, mais de la souffrance, pour y trouver non la douceur, mais l’amertume ; chair qui avait pour but suprême, non les enfers, mais le ciel ; et qui devait ceindre non les feuillages de luxure, mais les fleurs de la sainteté, et communiquer aux eaux sa pureté’ ; — dès lors, toute chair qui a lavé dans le Christ ses anciennes