Page:Tertullien - De paenitentia. De pudicitia, 1906.djvu/166

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

[8] Mais toi, tu voudrais, je crois, que le Christ ait mis en scène une brebis égarée, non pas loin du troupeau, mais loin de l’arche ou de la bergerie ? Bien qu’il qualifie les autres de « justes « , il ne les désigne pas pour cela comme chrétiens. C’est avec les Juifs qu’il a affaire et c’est eux qu’il veut surtout frapper parce qu’ils s’indignaient de l’espoir des païens ; pour exprimer à l’encontre des jalousies pharisiennes sa grâce et sa bienveillance, fût-ce à l’égard d’un seul païen, il a préféré le salut d’un seul pécheur par l’effet de la pénitence, à leur salut à eux par l’effet des œuvres de la justice. [9] Pourquoi ces « justes » ne seraient-ils pas les Juifs, lesquels croyaient que la pénitence leur était chose superflue, puisqu’ils avaient en main comme gouvernail la discipline, et comme instrument de crainte la loi et les prophètes ? Il les a donc représentés dans sa parabole, sinon tels qu’ils étaient, du moins tels qu’ils auraient dû être, pour les faire rougir davantage en l’entendant dire que la pénitence était nécessaire aux autres et non pas à eux.

[10] Quant à la parabole de la drachme qui est née des mêmes circonstances, nous l’appliquons également au païen, bien que la pièce soit perdue dans une maison dont on croirait volontiers que c’est l’Église, bien qu’on la trouve à la lumière d’une lampe qu’on serait tenté de prendre pour le verbe de Dieu. [11] Mais l’univers n’est-il pas dans son ensemble la maison de tous, où la grâce de Dieu brille davantage encore pour le païen, qui est trouvé dans les ténèbres, que pour le chrétien, qui vit déjà à la lumière de Dieu ? [12] Enfin la brebis et la drachme ne s’égarent qu’une seule fois