Page:Tertullien - De paenitentia. De pudicitia, 1906.djvu/168

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. Si elles figuraient le chrétien pécheur après la perte de sa foi, il serait signalé qu’elles ont été deux fois perdues et retrouvées.

[13] Je m’écarte maintenant un peu de ma position, mais pour la fortifier davantage dans le moment même où je m’en écarte, puisque ce sera un moyen de rabattre la présomption de mes adversaires. — J’admets que dans l’une et l’autre parabole ce soit un chrétien déjà pécheur qui soit figuré : il ne s’ensuit pas qu’on puisse soutenir qu’il lui est loisible de se racheter par la pénitence du crime d’adultère et de fornication. [14] Il est dit qu’il est perdu, oui, mais encore faut-il bien voir de quel genre de perte. La brebis s’est perdue : cela veut dire non qu’elle est morte, mais qu’elle s’est égarée. La drachme s’est perdue : non qu’elle ait été anéantie, mais s’est cachée quelque part. Ainsi, d’une chose saine et sauve, on peut dire qu’elle est perdue. [15] Il est donc perdu le fidèle qui se laisse aller à assister au spectacle où s’étalent la folie des quadriges, le sang des gladiateurs, les turpitudes de la scène, la sottise des athlètes ; ou qui a prêté le concours de son métier aux jeux, aux festins d’une solennité mondaine, aux fonctions officielles, au culte d’une idole étrangère ; ou qui enfin, par légèreté, a proféré quelque parole de reniement équivoque ou de blasphème [cf. Introduction]. [16] Pour telle de ces fautes, il a été rejeté du troupeau ; ou peut-être par colère, par emportement, par jalousie ou, enfin, comme il arrive souvent, par révolte contre le châtiment, a-t-il rompu de lui-même ; il faut le chercher et le rappeler. Ce qui peut être recouvré n’a point péri, à moins qu’il ne persiste à demeurer dehors.