Page:Tertullien - De paenitentia. De pudicitia, 1906.djvu/174

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le peuple juif. [4] Si donc je prouve l’illégitimité de la comparaison entre l’aîné et le peuple juif, la conséquence sera que ce n’est point le chrétien que représente le plus jeune. En effet, bien que le juif soit appelé fils, et fils aîné, parce qu’il fut le premier dans l’adoption ; bien qu’il jalouse la réconciliation du chrétien avec Dieu le Père (ce dont nos adversaires tirent grand avantage), il n’en est pas moins vrai qu’un juif n’a pu dire au Père : « Voici combien d’années que je te sers sans avoir jamais transgressé tes ordres ? » [5] Quand le juif a-t-il donc cessé de transgresser la loi, lui qui avait des oreilles pour ne pas entendre, qui haïssait celui qui le réprimandait aux portes et qui méprisait la parole sainte ? Et cette parole du père n’a pu davantage être adressée au Juif : « Tu es toujours avec moi, et tout ce qui est mien est tien. » [6] Car les Juifs sont appelés enfants apostats, qui avaient été engendrés et élevés pour de hautes destinées, mais qui n’ont pas tenu compte du Seigneur, qui ont abandonné le Seigneur et ont provoqué la colère du Saint d’Israël. [7] Certes nous conviendrons que tout avait été donné au Juif ; mais le bienfait de sa condition lui a été arraché de la bouche, à plus forte raison la terre de la promesse paternelle. Et c’est pourquoi à l’heure qu’il est, tout comme le plus jeune fils, le juif, après avoir dissipé les biens de Dieu dans des pays étrangers, est réduit à mendier, et sert sous ses maîtres, c’est-à-dire sous les maîtres de ce monde.

[8] Donc que les chrétiens cherchent pour eux un autre frère ; le juif ne peut convenir à l’esprit de la parabole. Il leur eût été bien plus commode d’établir une équivalence