Page:Tertullien - De paenitentia. De pudicitia, 1906.djvu/176

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entre le chrétien et l’aîné, entre le juif et le cadet, par rapport à la foi, si l’ordre de succession des deux peuples, établi dès le sein de Rébecca, permettait cette transposition, et si, au surplus, la conclusion finale ne s’y opposait. [9] Il conviendrait en effet au chrétien de se réjouir du rétablissement du Juif, et non de s’en attrister, puisque toute notre espérance a été liée en quelque sorte à l’attente d’Israël. Ainsi certaines circonstances cadrent bien ; d’autres au contraire, pour quiconque réfléchit, détruisent l’analogie des symboles.

[10] D’ailleurs toutes les circonstances y fussent-elles reflétées comme en un miroir, il resterait à se garer du grand danger des interprétations, qui est de détourner la justesse des comparaisons dans une direction autre que ne le veut la matière de chaque parabole. [11] Souvenons-nous que, quand les histrions accommodent des gestes allégoriques aux parties chantées, ils expriment des choses très différentes de la fable, de la scène, du personnage présent, et pourtant parfaitement cohérentes entre elles. Mais qu’importé ce talent qui nous est si étranger : nous n’avons rien à voir avec Andromaque ! [12] C’est ainsi que les hérétiques tirent ces mêmes paraboles du côté qu’ils veulent et non du côté qu’ils devraient. Ils les abîment à merveille. Comment cela, à merveille ? Oui, parce que, dès l’origine, ils ont conformé la matière même de leurs doctrines aux circonstances particulières indiquées dans les paraboles. Délivrés de la règle de foi, il leur a été loisible de rechercher et de combiner des traits analogues en apparence à ceux des paraboles.


IX. -- VRAIE MÉTHODE D’EXÉGÈSE

[1] Mais nous autres qui n’imaginons pas notre fond