Page:Tertullien - De paenitentia. De pudicitia, 1906.djvu/180

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

prouve pas par le fait même qu’ils fussent juifs, quoique quelques-uns aient pu l’être. [7] Mais, dans l’ensemble des infidèles, il a posé une distinction en établissant que les uns étaient pécheurs du fait de leur profession, c’est-à-dire les publicains ; les autres du fait de leur nature, c’est-à-dire les non-publicains. D’ailleurs on ne l’eût pas critiqué pour s’être assis à la table des Juifs, mais il le fut pour avoir fréquenté les païens avec lesquels la discipline judaïque défend de manger.

[8] Maintenant en ce qui concerne l’enfant prodigue, il faut d’abord considérer ce qui est le plus utile ; car, on ne peut admettre l’équivalence des exemples, quelque rapport qu’ils aient avec le symbole, si elle est tout-à-fait nuisible au salut [cf. Introduction]. Or toute l’économie du salut qui est placée dans la ferme continuité de la discipline, nous voyons que l’interprétation admise par nos adversaires la bouleverse. [9] Car s’il est chrétien, celui qui, après avoir reçu de Dieu son père son patrimoine (c’est-à-dire le trésor du baptême, de l’Esprit Saint, et par conséquent de l’espérance éternelle), part bien loin de son père et le dissipe dans une vie païenne ; qui, perdant tout bon sens, se fait l’esclave d’un maître du siècle (de qui, sinon du diable ?) et reçoit de lui la tâche de nourrir les pourceaux, c’est-à-dire de prendre soin des esprits immondes ; puis revient à la raison et retourne chez son père : à ce prix ce ne seraient pas seulement les adultères et les fornicateurs, mais les idolâtres, les blasphémateurs, et ceux qui nient le Christ et toutes les catégories d’apostats qui satisferaient à la justice du Père grâce à cette parabole. Et en vérité c’est alors toute la substance de la religion qui est anéantie. [10] Qui, en