Page:Tertullien - De paenitentia. De pudicitia, 1906.djvu/182

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effet, craindra de prodiguer ce qu’il pourra récupérer ensuite ? Qui aura souci de conserver à jamais ce qu’il ne pourra perdre à jamais ? La sécurité du délit attise l’envie de le commettre. [11] Ainsi l’apostat recouvrera son premier vêtement, livrée de l’Esprit-Saint, et l’anneau qui est le signe du baptême ; de nouveau, pour lui le Christ sera immolé ; il s’assiéra de nouveau sur le lit dont ceux qui ne sont pas vêtus comme il convient sont arrachés par les bourreaux pour être jetés dehors dans les ténèbres, non sans avoir été dépouillés ! Voilà déjà un pas de fait, si l’histoire du fils prodigue ne peut s’appliquer au chrétien.

[12] Si l’image du fils ne s’applique aussi qu’imparfaitement au juif, il faudra orienter tout simplement notre interprétation dans le sens de l’intention divine. Le Seigneur était venu pour sauver ce qui était perdu ; le médecin est plus nécessaire aux malades qu’aux gens bien portants. [13] Ce rôle, il le figurait dans les paraboles et l’annonçait dans ses discours. Quel est l’homme qui périt ; qui est de santé chancelante, sinon celui qui ne connaît pas Dieu ? Qui est sain et bien portant, sinon celui qui connaît Dieu ? Ces deux aspects naturellement solidaires seront aussi figurés dans la parabole. [14] Voyez si le païen a conservé le bien-fonds de sa naissance en Dieu le Père, de la sagesse, de la connaissance naturelle de Dieu. L’apôtre observe que le monde n’a pas connu Dieu dans la sagesse de Dieu par le moyen de la sagesse, qu’il avait pourtant reçue de Dieu. [15] Il la dissipa donc bien loin du Seigneur par ses désordres au milieu des erreurs, des délices et des passions du monde, où pressé par la faim de la vérité, il se livra au