Page:Tertullien - De paenitentia. De pudicitia, 1906.djvu/184

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maître de ce siècle. Celui-ci le préposa aux soins des porcs, pour qu’il fît paître ce troupeau familier des démons. Et sans pouvoir se procurer la nourriture nécessaire à sa vie, il voyait en même temps les autres regorger du pain céleste au milieu des œuvres divines. [16] Il se souvient de Dieu son père ; il revient à lui après avoir satisfait, il recouvre son ancien vêtement, c’est-à-dire cet état qu’Adam avait perdu par sa faute ; il reçoit aussi pour la première fois cet anneau, par où, sur interrogation, il scelle le pacte de la foi, et ainsi, désormais, il se nourrit abondamment du corps du Seigneur, c’est-à-dire de l’eucharistie.

[17] Voilà quel sera le fils prodigue qui jamais auparavant ne fut probe et qui devint d’emblée un prodigue, parce qu’il ne devint pas d’emblée chrétien. C’est lui que les Pharisiens voyaient avec chagrin dans la personne des publicains et des pécheurs revenir du siècle aux embrassements paternels. [18] C’est à ce seul trait que s’applique la jalousie du frère aîné ; non que les Juifs soient innocents et soumis à Dieu, mais parce qu’ils envient aux nations leur salut, eux qui auraient toujours dû rester près du Père. [19] Et en tout cas le Juif gémit de la première vocation du chrétien, non de son second rétablissement : car la vocation est visible même pour le païen, mais la réhabilitation se passe dans les Églises ; les Juifs mêmes l’ignorent.

[20] Je pense avoir donné des interprétations mieux accommodées à la matière des paraboles, à la concordance des faits et au maintien de la discipline. Au surplus si nos adversaires veulent à tout prix que les brebis, la drachme et les débauches du fils figurent le pécheur