Page:Tertullien - De paenitentia. De pudicitia, 1906.djvu/190

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des réprouvés que pour ceux qu’il n’a pas encore éprouvés ! A ce prix, les outrages à sa clémence ne provoqueraient pas plus sa colère que ses encouragements ; il n’accorderait pas plus volontiers aux étrangers cette clémence qui, chez ses enfants, n’aurait produit aucun fruit : alors qu’il a adopté ainsi les nations, tandis que les Juifs se jouent de sa patience !

[8] Mais les Psychiques tiennent à ce que Dieu, juge incorruptible, préfère le repentir à la mort de ce pécheur, qui, lui, a préféré la mort au repentir. Dès lors, chaque péché nous serait un titre de plus. [9] Eh bien donc, funambule de la pudeur, de la chasteté, et de toute pureté sexuelle, toi qui t’avances d’un pas mesuré sur le fil si ténu d’une discipline comme celle-là, loin de la vraie route, cherchant à établir l’équilibre entre la chair et l’esprit, modérant l’instinct par la foi, mêlant la crainte à l’audace des regards : [10] qui te donne cette sécurité dans ta démarche ? Continues, si tu peux et si tu veux, tant que tu te sens sûr de toi-même et que tu crois marcher sur un terrain solide. Car si quelque vacillation de la chair, quelque distraction de l’âme, quelque fuite momentanée du regard te fait perdre ton aplomb, Dieu est bon. [11] C’est aux siens et non aux païens qu’il ouvre les bras ; une seconde fois la pénitence te tirera d’affaire ; d’adultère, tu deviendras encore une fois chrétien.

Voilà ce que tu me dis, ô très complaisant interprète de Dieu. Je me rendrais à tes avis, si le livre du Pasteur, qui est le seul à aimer les adultères, avait mérité de prendre place parmi les documents divins ; s’il n’était relégué par toutes les Églises, même par les vôtres,