Page:Tertullien - De paenitentia. De pudicitia, 1906.djvu/196

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douce dans la discipline nouvelle que dans l’ancienne. [3] Lorsque l’Évangile, retentissant pour la première fois, ébranla tout l’ancien système, et qu’il fallut déterminer ce qu’on devait retenir de la loi, les apôtres, sur l’inspiration du Saint Esprit, posent cette première règle pour ceux qui venaient d’être élus entre les nations. [4] « Il a semblé bon à l’Esprit-Saint et à nous-de ne vous imposer aucun autre fardeau que ce qui est nécessaire, savoir : de vous abstenir des sacrifices, de la fornication et du sang ; en vous en abstenant vous agissez bien, avec l’aide de l’Esprit-Saint ».

[5] Il suffit qu’ici encore l’adultère et la fornication aient conservé leur place d’honneur entre l’idolâtrie et l’homicide. Car cette interdiction du sang, nous l’entendrons bien plutôt du sang humain. [6] Mais de quel œil les apôtres veulent-ils que l’on regarde ces crimes, les seuls qu’ils mettent à part de la loi ancienne, les seuls dont ils prescrivent l’abstention absolue ? Non qu’ils permettent les autres, mais ils donnent ceux-là comme seuls irrémissibles, eux qui, par condescendance pour les païens, ont rendu rémissibles les autres fardeaux de la loi. [7] Pourquoi déchargent-ils notre cou d’un joug si pesant, sinon pour lui imposer à jamais ce résidu de la discipline ? Pourquoi relâchent-ils tant de liens, sinon pour nous enchaîner à perpétuité aux devoirs nécessaires ? [8] Ils nous ont affranchis de la pluralité de ces obligations, pour nous forcer à l’observation de celles dont l’oubli est le plus nuisible. Il y a eu compensation : nous avons reçu beaucoup à charge de donner quelque chose. Une compensation n’est pas révocable ; or elle sera révoquée par ces mêmes