Page:Tertullien - De paenitentia. De pudicitia, 1906.djvu/208

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cet homme avait failli et qui dès lors était déjà perdue, tout le fruit du baptême étant anéanti : « Afin, dit-il, que l’âme soit sauve au jour du Seigneur. »

[24] Il faut aussi chercher si l’âme de cet homme sera sauvée. Ainsi cette âme serait sauve, après s’être souillée d’un crime pareil, pour lequel sa chair a déjà été livrée à la perdition ? Sauve dans le châtiment ? Mais une interprétation hostile ne va-t-elle pas juger que dès lors le châtiment peut exister sans la chair ? Nous compromettons de la sorte la résurrection de la chair. — [25] Il reste à supposer qu’il a parlé de cette âme qui est considérée comme étant celle de l’Église et qui doit être produite sauve, c’est-à-dire pure de toute souillure, au jour du Seigneur, après le rejet du fornicateur incestueux. [26] L’apôtre ajoute en effet : « Ne savez-vous pas qu’un peu de levain aigrit toute la pâte ? » Et cependant une fornication doublée d’un inceste n’était pas un peu, mais beaucoup de levain.


XIV. -- PAUL ET L’INCESTUEUX DE CORINTHE

[1] Voilà écartées les objections qui étaient intervenues. Je reviens à la seconde épître aux Corinthiens, pour prouver que le mot de l’apôtre : « Qu’il suffise à cet homme de cette réprimande faite par un grand nombre », ne saurait s’appliquer au fornicateur. [2] En effet, s’il avait prononcé qu’il devait être livré à Satan pour la perdition de sa chair, il l’avait par le fait même condamné bien plutôt que réprimandé. C’est donc à un autre qu’il a voulu que suffise la réprimande, puisque, d’après sa sentence, le fornicateur avait été frappé, non d’une réprimande, mais d’une condamnation.

[3] Je te prie d’examiner s’il est fait allusion dans la