Page:Tertullien - De paenitentia. De pudicitia, 1906.djvu/212

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réduira ma gloire à néant. Ne savez-vous pas que nous jugerons les anges ? » [9] Quelle libre franchise dans ses reproches, quelle pointe dégainée fait sentir son glaive spirituel ! « Déjà vous êtes riches, déjà vous êtes rassasiés, déjà vous régnez. » Et : « Si quelqu’un se persuade savoir quelque chose, il ne sait pas encore comment il doit savoir ». [10] N’est-ce pas ici un vrai soufflet qu’il applique : « Qui est-ce qui te met à part des autres ? Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? Pourquoi t’en glorifies-tu comme si tu ne l’avais pas reçu ? » Et ceux-ci ne les frappe-t-il pas aussi au visage ? [11] « Certains maintenant encore mangent, quoique le sachant, la viande des idoles. Mais en péchant de la sorte, en ébranlant les faibles consciences de leurs frères, c’est contre le Christ qu’ils pèchent. » Et il ajoute en citant des noms : « N’avons-nous pas le droit de manger et de boire ? et de mener avec nous des femmes, de même que les autres apôtres et les frères du Seigneur et Céphas ? » Et : « Si d’autres arrivent à vous dominer pourquoi pas nous plutôt ? » [12] De même, il perce ceux-ci individuellement de son style : « C’est pourquoi que celui qui croit être debout veille à ne pas choir. » Et : « Si quelqu’un paraît aimer à contester, pour nous, ce n’est point dans nos habitudes ni dans celles de l’Église du Seigneur. » [13] La conclusion menaçante par laquelle il achève : « Si quelqu’un n’aime point le Seigneur Jésus qu’il soit anathème », en transperce un encore.

Mais je préfère m’en tenir aux passages où l’apôtre s’emporte le plus, où le fornicateur lui-même crée aux autres des difficultés. [14] « Quelques-uns s’enorgueillissent