Page:Tertullien - De paenitentia. De pudicitia, 1906.djvu/218

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qui n’avait pas encore péri. On ne prend pas de précaution pour ce qui n’est déjà plus, mais pour ce qui est encore. [24] Le condamné, au contraire, tombé au pouvoir de Satan, était déjà perdu pour l’Église au moment où il avait accompli un tel forfait, à plus forte raison lorsqu’il était rejeté de son sein. Comment l’Église aurait-elle pu craindre la perte d’un homme qui, lui ayant été arraché, était déjà perdu pour elle, et qu’elle - ne pouvait garder une fois condamné ? [25] Enfin sur quoi un juge doit-il faire porter son indulgence ? sur ce qu’il a réglé par sentence formelle ou sur ce qu’il a suspendu par sentence interlocutoire ? surtout quand ce juge n’a pas l’habitude de réédifier ce qu’il a détruit, afin d’éviter tout soupçon de prévarication.

[26] Dis-moi, si la première épître n’avait pas contristé tant de gens, si elle n’avait gourmande personne, terrifié personne, si elle n’avait frappé que l’incestueux seul, si elle n’avait effrayé personne à son sujet, si elle n’avait consterné nul orgueilleux, ne serait-il pas pour toi meilleur de conjecturer et plus juste de soutenir qu’il y avait alors parmi les Corinthiens un tout autre personnage, qui, impliqué dans la même affaire, fut gourmande, terrorisé, malade de chagrin, et qui ensuite, en raison de la médiocre gravité de sa faute, reçut son pardon : plutôt que de supposer que ce pardon ait été accordé à un fornicateur incestueux ? [27] Tu aurais dû lire, sinon dans l’épître, du moins dans le caractère de l’apôtre, ce qui y est écrit par son honneur plus clairement encore que par sa plume ; et alors tu n’aurais pas supposé chez Paul, l’apôtre du Christ, le docteur des nations dans la foi et dans la vérité, le vase d’élection, le fondateur