Page:Tertullien - De paenitentia. De pudicitia, 1906.djvu/220

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des Églises, le censeur des mœurs, une telle inconstance qu’il aurait condamné à la légère celui qu’il devait bientôt absoudre, ou qu’il aurait absous à la légère celui qu’il aurait sérieusement condamné, quand bien même c’eût été pour une seule fornication, pour une impudi-cité ordinaire (à plus forte raison pour une union incestueuse, pour une luxure impie, pour une passion parricide qu’il ne veut même pas comparer à celle des païens de peur qu’on ne la mette au compte de la coutume) ; pour un crime qu’il avait jugé de loin, de peur que le coupable ne bénéficiât du délai et qu’il avait condamné en invoquant la vertu du Seigneur, de peur que la sentence ne parût celle d’un homme. [28] Il s’est donc joué et de son esprit et de l’ange de l’Église et de la vertu du Seigneur, s’il a révoqué l’arrêt porté d’après leur conseil.


XV. -- SAINT PAUL ET LA CHAIR

[1] Si tu lis la suite de cette épître en tenant compte des reproches de l’apôtre, elle ne cadrera pas davantage avec l’hypothèse d’un pardon de l’incestueux : car il ne faut pas que l’apôtre ait à rougir de s’être ultérieurement contredit. [2] Comment admettre, en effet, qu’après avoir rendu à un fornicateur incestueux tous les privilèges de la paix ecclésiastique, il ait insisté aussitôt sur le devoir de haïr les impudicités, d’écarter les souillures, sur des conseils de chasteté, comme s’il n’avait rien décrété de contraire un instant auparavant ?

[3] Compare : appartenait-il au même homme de dire : « C’est pourquoi, chargés de ce ministère en vertu de la miséricorde qui nous a été faite, nous ignorons la défaillance, et nous repoussons de nous les honteuses passions qui se cachent » ; et, d’autre part, d’annuler la