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Page:Tertullien - De paenitentia. De pudicitia, 1906.djvu/230

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homme qui donne de tels préceptes a pu pardonner à celui qui a déshonoré le Seigneur, qui l’a chassé de son corps et, qui plus est, par un inceste.

[12] Si tu veux avoir une notion complète de l’apôtre, pour comprendre de quelle hache puissante sa sévérité émonde la forêt des passions, la déracine, et l’extirpe afin que rien n’y fructifie à nouveau, écoute le désir qu’il exprime de voir les âmes s’abstenir du juste fruit de la nature, je veux dire de la pomme du mariage. [13] « Quant aux choses dont vous m’avez écrit, il est bon pour l’homme de ne toucher à aucune femme. Mais, pour éviter la fornication, que chaque homme ait sa femme ; que le mari rende à sa femme ce qu’il lui doit, et pareillement la femme à son mari. » [14] Qui ne voit que c’est à contre-cœur qu’il lâche la bride à l’usage de ce bien, en vue de prévenir la fornication ? Si donc il a permis ou permet encore à quelqu’un la fornication, il a ôté toute raison d’être à son remède : il sera tenu de mettre un frein aux mariages par la continence, s’il ne redoute plus la fornication, par crainte de laquelle il les permet. On ne la redoutera pas, si on l’absout. [15] Et pourtant, il avoue qu’il tolère l’usage du mariage, mais qu’il ne le prescrit pas : il voudrait en effet que tous fussent comme lui. Mais si les choses permises n’obtiennent que sa tolérance, que peuvent espérer les choses illicites ? Aux vierges et aux veuves, il dit aussi que c’est un bien de persévérer à son exemple dans leur état. Si la force leur manque, qu’elles se marient, car : « Mieux vaut se marier que de brûler » [16] De quels feux, je te prie, est-il pis de brûler ? de ceux de la concupiscence