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Page:Tertullien - De paenitentia. De pudicitia, 1906.djvu/260

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l’épître que nous ne sommes point sans péché, tandis que maintenant il nous prescrit de ne commettre aucun péché : là il nous flattait de l’espoir du pardon, ici il refuse rigoureusement le nom d’enfants de Dieu à tous ceux qui ont péché. [23] Loin de nous cette hypothèse ! Nous-mêmes, nous n’avons pas oublié cette distinction entre les fautes, de laquelle nous sommes partis. Et Jean est venu la confirmer en déclarant qu’il y a certains péchés qui nous envahissent quotidiennement et auxquels nous sommes tous exposés. [24] A qui n’arrive-t-il pas de se mettre injustement en colère et jusque par-delà le coucher du soleil, de lever la main sur quelqu’un, de médire volontiers, de jurer à la légère, de violer un engagement, de mentir par respect humain ou par nécessité ? dans les affaires, dans les devoirs d’état, dans le commerce, dans les repas, par la vue, par l’ouïe, que de tentations ? Si ces fautes ne devaient nous être pardonnées, il n’y aurait de salut pour personne. [25] Elles nous le seront donc grâce à l’intercession du Christ auprès du Père. Mais il y a des fautes bien différentes de celles-ci, des fautes plus graves et pernicieuses qui ne peuvent recevoir de pardon : l’homicide, l’idolâtrie, la fraude, l’apostasie, le blasphème, et naturellement l’adultère, la fornication et toute autre profanation du temple de Dieu. [26] Le Christ n’intercédera pas pour ces péchés-là : quiconque est né de Dieu ne les commettra jamais et cessera d’être l’enfant de Dieu s’il les commet. C’est ainsi que s’explique les contradictions de Jean : il établit une distinction entre les fautes, admettant ici que les enfants de Dieu pèchent, le niant là. [27] Il voyait d’avance la conclusion de sa lettre et il