Page:Tertullien - De paenitentia. De pudicitia, 1906.djvu/280

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

l’intention manifeste du Sauveur, qui a conféré ce privilège à Pierre et à lui seul : « C’est sur toi, dit-il, que je bâtirai mon Église » et « je te donnerai les clefs » non pas à l’Église, et « tout ce que tu auras délié ou lié », non tout ce qu’ils auront délié ou lié. [11] Les faits, du reste, sont là. C’est sur Pierre, c’est-à-dire par lui, que l’Église a été construite. C’est lui-même qui inaugure la clef, et tu vois quelle clef : « Israélites, retenez bien ce que je dis : Jésus de Nazareth, cet homme que Dieu vous a envoyé », etc. [12] C’est lui-même, enfin, qui, le premier, ouvrit par le baptême du Christ l’entrée du royaume céleste, où sont déliées les fautes précédemment liées et où sont liées celles qui n’avaient pas été déliées, conformément au véritable salut ; c’est lui qui enchaîne Ananias dans les liens de la mort et qui guérit de son infirmité le paralytique. [13] Ainsi encore, dans la discussion sur le point de savoir s’il fallait ou non conserver la Loi, Pierre, le premier de tous, sous l’inspiration de l’Esprit, commença à parler de la vocation des Gentils : « Et maintenant, pourquoi tentez-vous Dieu, en mettant sur le cou de vos frères un joug que ni nos pères ni nous n’avons pu porter ? Mais c’est par la grâce de Jésus que nous croyons être sauvés tout comme ceux-là. » [14] Cette déclaration abolit les prescriptions abrogées de la Loi et rendit obligatoires celles qui furent conservées. Tant il est vrai que le pouvoir de lier et de délier n’a point du tout été remis entre les mains de Pierre en ce qui concerne les fautes capitales des fidèles. [15] Si le Seigneur lui avait prescrit de pardonner jusqu’à septante fois sept fois les fautes que son frère commettrait