Page:Tertullien - De paenitentia. De pudicitia, 1906.djvu/288

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donc délivrer un autre que moi-même par le premier baptême, si je le puis par le second.

[11] Soyons logiques jusqu’au bout. Toute autorité, tout système qui rend la paix ecclésiastique à l’adultère et au fornicateur, devra également se montrer facile à l’homicide et à l’idolâtre pénitents, à l’apostat (cela va de soi), et naturellement aussi à celui que l’étreinte de la torture a vaincu dans le combat du martyre. [12] Il serait indigne de Dieu et de sa miséricorde, qui préfère à la mort du pécheur son repentir, que ceux qui ont failli dans le rut des passions rentrent plus facilement dans l’Église que ceux qui sont tombés en combattant. L’indignation nous force à parler. Rappelleras-tu plus volontiers des corps souillés que des corps sanglants ? [13] Quelle est la pénitence la plus digne de pitié, celle qui prosterne à terre une chair chatouillée de désirs, ou une chair déchirée ? Quel est le pardon le plus équitable, celui qu’imploré le pécheur volontaire, ou le pécheur malgré lui ? Personne n’est contraint à apostasier volontairement ; mais personne ne fornique sans y consentir. [14] Rien ne force à la débauche, sinon la débauche même ; on ne peut l’imposer comme il plaît. Au contraire, pour arracher un reniement, quelle ingéniosité chez les bourreaux, quelle variété dans les supplices ! Quel est le plus authentique apostat, celui qui a perdu le Christ dans les tourments, ou dans les délices ? Celui qui, en le perdant, a souffert, ou celui qui, en le perdant, a joui ? [15] Du moins ces cicatrices que grave le combat chrétien, dignes d’envie auprès du Christ parce qu’elles ont souhaité de vaincre, ne laissent pas d’être glorieuses, parce que c’est faute de pouvoir vaincre qu’elles ont