Page:Tertullien - De paenitentia. De pudicitia, 1906.djvu/82

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

employées pour un ingrat. [5] Ils se maudissent eux-mêmes d’avoir fait le bien, et c’est surtout cette forme de pénitence, à propos des actes les plus louables, qu’ils impriment dans leur cœur : ils se souviennent soigneusement de ne plus faire le bien. Au contraire le regret d’avoir commis des fautes leur donne un souci bien moindre. En un mot, la pénitence est plus aisément pour eux une occasion d’agir mal que d’agir bien.

II. [1] Que s’ils se conduisaient en gens qui possèdent Dieu, et par suite la raison, ils commenceraient par apprécier le bienfait de la pénitence, ils n’en tireraient pas prétexte à des amendements coupables ; enfin, ils rendraient plus rares leurs repentirs en se gardant de pécher, retenus par la crainte du Seigneur. [2] Mais là où il n’y a point de crainte, pas de réforme morale possible ; et là où il n’y a pas de réforme morale, la pénitence est fatalement vaine, puisqu’elle ne porte pas le fruit pour lequel Dieu l’a semée, je veux dire le salut de l’homme.

[3] Car Dieu lui-même, — après tant de fautes si grandes commises par la témérité humaine et dont Adam, le premier de sa race, fut l’initiateur ; après avoir condamné l’homme et tous les biens du siècle, après l’avoir chassé du paradis et soumis à la mort, — Dieu se hâta de revenir à sa miséricorde et par là il consacra la pénitence en sa propre personne. Il déchira la sentence portée dans sa colère antérieure et s’engagea à pardonner à son œuvre et à son image. [4] C’est pourquoi il se forma un peuple qu’il combla des abondantes largesses de sa bonté ; malgré toutes