Page:Tertullien - De paenitentia. De pudicitia, 1906.djvu/84

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les expériences qu’il fit de son ingratitude, toujours il l’exhorta à la pénitence ; il fit parler la bouche prophétique de tous les prophètes : bientôt il promit la grâce dont, à la fin des temps, il devait illuminer l’univers par son Esprit ; il ordonna que le baptême de pénitence vînt d’abord, afin de marquer préalablement du signe de la pénitence le groupe de ceux que sa grâce appelait à la promesse faite à la race d’Abraham. [5] C’est ce que Jean ne cache pas, quand il dit : « Commencez de faire pénitence » ; car déjà allait venir pour les nations le salut que le Seigneur apportait selon la promesse de Dieu. [6] Et Jean, son précurseur, montrait la pénitence destinée à purifier les âmes, afin que toutes les souillures des erreurs anciennes, toutes les taches imprimées dans le cœur humain par l’ignorance, fussent balayées, grattées par la pénitence et jetées dehors. Ainsi serait préparé bien net le sanctuaire du cœur pour l’Esprit Saint qui devait y descendre et s’y installer d’autant plus volontiers avec ses biens célestes. [7] Tous ces biens se résument en un : le salut de l’homme, une fois effacés les crimes passés. Voilà le but de la pénitence ; c’est elle qui administre les intérêts de la divine miséricorde, car ce qui profite à l’homme rend service à Dieu.

[8] Au surplus la règle de la pénitence, que nous apprenons une fois que nous connaissons Dieu, a une forme déterminée ; car il ne faut pas que nous jetions, pour ainsi dire, une main violente sur ce que nous avons fait ou pensé de bien. [9] Dieu ne sanctionne pas la réprobation des bonnes actions : elles sont à lui. Du moment qu’il en est le garant et le protecteur, il faut qu’il