Page:Tertullien - De paenitentia. De pudicitia, 1906.djvu/86

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les agrée, et s’il les agrée, qu’il les récompense. [10] Peu importe l’ingratitude humaine, si elle force à se repentir même du bien qu’on a fait. Peu importe aussi la reconnaissance, si le désir de se l’acquérir est un aiguillon pour être bienfaisant : ce sont là choses terrestres, sujettes à la mort. [11] On gagne si peu à obliger une personne reconnaissante — et l’on perd si peu à obliger un ingrat ! La bonne action a Dieu pour débiteur comme aussi la mauvaise ; car tout juge est le rémunérateur en la cause. [12] Puisque Dieu est le juge qui veille à ce que la justice, qui lui est si chère, soit très exactement rendue et observée, et que c’est conformément à elle qu’il règle l’ensemble de sa discipline, peut-on douter qu’en matière de pénitence, comme aussi bien dans tous nos actes, justice doive être rendue à Dieu ? Ce devoir ne pourra être rempli que si nous n’appliquons la pénitence qu’à nos fautes. [13] Or on ne peut appeler faute, qu’une mauvaise action ; faire le bien n’est jamais une faute. Et s’il n’y a pas faute, pourquoi se jeter dans la pénitence, comme ceux qui ont péché ? [14] Pourquoi imposer à la bonté ce qui est l’office propre de la méchanceté ? Il arrive ainsi qu’un acte, accompli là où il ne faut pas, est négligé là où il faudrait l’accomplir.

III. [1] Ce serait ici le lieu de déterminer les actes dont il semble juste et obligatoire de se repentir, autrement dit de fixer ce qui doit être considéré comme péché. Mais la chose pourrait paraître superflue. [2] Car le Seigneur une fois connu, d’elle-même l’âme sur laquelle son auteur a jeté les yeux accède à la connaissance de