Page:Tertullien - De paenitentia. De pudicitia, 1906.djvu/88

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la vérité, et, initiée aux commandements du Seigneur, elle apprend aussitôt par eux que tout ce que Dieu défend est péché. Dieu étant notoirement le bien infini, au bien il n’y a naturellement que le mal qui puisse déplaire ; car les contraires ne peuvent aucunement s’accorder.

[3] Toutefois on ne me saura pas mauvais gré de dire en passant que, parmi les péchés, il y en a de charnels, c’est-à-dire qui sont l’ouvrage du corps, et qu’il y en a de spirituels. L’homme, étant formé de l’union de ces deux substances, ne peut pécher autrement que dans les éléments dont il se compose. [4] Mais de ce que le corps et l’âme sont choses distinctes, il ne faut pas conclure que les péchés diffèrent de valeur : ils sont d’autant plus égaux qu’à eux deux l’âme et le corps ne constituent qu’un seul être. Qu’on n’aille donc pas, en raison de la diversité des substances, faire des distinctions en supposant qu’un péché de telle catégorie est plus léger ou plus grave qu’un péché de telle autre. [5] La chair et l’âme sont également l’œuvre de Dieu ; l’une a été façonnée par sa main, l’autre créée par son souffle. Egales devant le Seigneur, que l’une ou l’autre ait péché, cela offense également le Seigneur. [6] Pourrais-tu, toi-même, discerner les actes de la chair de ceux de l’esprit ? Ils sont si étroitement unis et associés dans la vie, dans la mort et dans la résurrection, qu’ils ressuscitent alors également pour la vie ou pour le jugement, parce qu’ensemble, ou ils ont péché, ou ils ont vécu dans l’innocence. [7] Ce préambule est destiné à nous faire comprendre que la nécessité de la pénitence n’incombe pas moins, en cas de péché,