Page:Tertullien - De paenitentia. De pudicitia, 1906.djvu/90

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à une partie qu’aux deux qui constituent l’ensemble. Commune leur est la faute, commun leur est le juge (c’est de Dieu que je parle), commun doit leur être aussi le remède de la pénitence.

[8] Les péchés sont appelés spirituels ou charnels, parce que tout péché se commet en acte ou en pensée. Est corporel ce qui se fait en acte, parce qu’un acte, tel un corps, est visible, palpable. Est spirituel ce qui est immanent à l’âme, parce que ce qui est esprit échappe à la vue et au loucher. [9] D’où il suit évidemment qu’il faut éviter et qu’il faut purifier par la pénitence non seulement les fautes d’acte, mais aussi les fautes de volonté. Car si notre nature bornée ne peut juger que des actes, étant incapable de pénétrer dans le secret de la volonté, n’allons pas pour cela négliger ces fautes devant Dieu lui aussi. Dieu suffit à tout. [10] Rien de ce qui est faute n’échappe à son regard. Il n’ignore rien et il ne manque pas de réserver la faute pour le jugement. Il ne peut dissimuler ni trahir sa propre clairvoyance. [11] Au surplus, n’est-il pas vrai que la volonté est la source de l’acte ? Admettons que certains actes soient imputables au hasard, à la nécessité ou à l’ignorance : une fois ces exceptions admises, c’est toujours la volonté qui pèche. [12] Étant à la source de l’acte ne sera-t-elle pas châtiée de préférence, puisqu’elle est l’agent principal de la faute ? Elle n’est pas exonérée, même quand un obstacle quelconque empêche l’accomplissement de l’acte. Elle est alors considérée elle-même comme responsable vis-à-vis d’elle-même, et ne saurait être excusée sur la mauvaise chance qui