Page:Tertullien - De paenitentia. De pudicitia, 1906.djvu/92

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l’a empêchée d’aller jusqu’au bout, puisqu’elle a fait ce qui dépendait d’elle.

[13] Enfin comment le Seigneur nous prouve-t-il qu’il veut établir sur la Loi un nouvel édifice, sinon en interdisant les péchés de la volonté même ? Il appelle adultère, non seulement celui qui a violé en acte l’union d’autrui, mais celui-là même qui l’a profanée par la convoitise de ses regards. [14] Tant il est vrai qu’il est déjà assez périlleux pour l’âme de se représenter une action qu’il lui est interdit d’accomplir, et audacieux d’en réaliser l’effet en pensée. Puisque la force de la volonté est telle que même sans atteindre la pleine réalisation de ses désirs, elle tient lieu de l’acte, elle sera donc châtiée comme un acte. [15] Il est tout à fait vain de dire : « Je l’ai voulu, mais je ne l’ai pas fait. » Tu dois consommer l’acte, puisque tu le veux, ou bien ne point le vouloir, puisque tu ne le consommes pas. Mais tu prononces toi-même par l’aveu de ta conscience. [16] Car si c’était le bien que tu eusses désiré, tu aurais été avide de le réaliser. Ainsi, de même que tu ne fais pas le mal jusqu’au bout, tu ne devais pas non plus le désirer. De quelque côté que tu te tournes, tu es lié à ta faute : ou tu as voulu le mal, ou tu n’as pas accompli le bien.

IV. [1] Or donc pour tous les péchés, qu’ils soient commis par la chair ou par l’esprit, en acte ou en désir, Celui qui a décidé que le châtiment viendrait par le jugement, a promis aussi que le pardon viendrait par la pénitence, quand il a dit à son peuple : « Repens-toi, et je te sauverai. » [2] Et encore : « Je suis le Dieu vivant, dit le Seigneur, et j’aime mieux la pénitence que