Page:Tertullien - De paenitentia. De pudicitia, 1906.djvu/98

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pas autre chose. Et si même le fait d’ignorer le Seigneur ne crée pas d’excuse pour garantir du châtiment, vu qu’il n’est pas excusable d’ignorer un Dieu qui se révèle ou vertement et qu’à eux seuls les biens célestes font déjà connaître, combien est-il périlleux de le mépriser une fois qu’on l’a connu ! [5] Or celui-là le méprise, qui, ayant obtenu de lui la connaissance du bien et du mal, revient à ce qu’il a compris qu’il devait fuir, à ce qu’il a fui déjà, et fait injure à sa propre intelligence, c’est-à-dire au don de Dieu : il méprise le donateur en délaissant le don, il nie le bienfait en n’honorant pas le bienfaiteur. [6] Comment pourrait-il plaire à celui dont le présent lui déplaît ? Ainsi il apparaît à l’égard du Seigneur non seulement comme un révolté, mais aussi comme un ingrat.

[7] Au surplus il ne pèche pas médiocrement contre le Seigneur, celui qui, après avoir renoncé par la pénitence au diable, rival de Dieu, et après l’avoir, à ce titre, soumis au Seigneur, le relève encore une fois par sa rechute dans le mal, et lui crée en sa propre personne un sujet de joie ; en sorte que l’esprit mauvais se réjouisse contre le Seigneur d’avoir de nouveau recouvré sa proie. [8] Est-ce que — chose redoutable même à articuler, mais qu’il faut dire pour l’édification — est-ce que ce n’est là préférer le diable au Seigneur ? Ayant connu l’un et l’autre, il semble avoir fait la comparaison, et après délibération, avoir déclaré meilleur celui à qui il préfère être de nouveau. [9] Ainsi l’homme qui, en se repentant de ses fautes, avait commencé à rendre satisfaction à Dieu, rendra satisfaction au diable en se repentant de son repentir, et il