Page:Tertullien - De praescriptione haereticorum, trad de Labriolle, 1907.djvu/131

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cela, les apôtres n’ont tenu aucun compte ou bien ils n’y ont rien compris, si, loin de s’y conformer, ils ont caché quelque chose de la lumière, c’est-à-dire de la parole de Dieu et de la doctrine du Christ.

[6] Ils ne craignaient personne, que je sache, ni les violences des Juifs ni celles des païens : ils devaient parler d’autant plus librement dans l’Église, eux qui ne se taisaient pas même dans les synagogues et les lieux publics. [7] Bien plus, ils n’auraient pu ni convertir les Juifs ni gagner les païens, s’ils n’avaient méthodiquement exposé ce qu’ils voulaient leur faire croire. [8] À plus forte raison n’eussent-ils pas soustrait quelque chose aux Églises déjà en possession de la foi, pour le confier en particulier à un petit nombre de privilégiés. [9] Même en supposant qu’ils eussent entre intimes, pour ainsi dire, quelques entretiens, on ne doit pas croire qu’ils surajoutassent alors une autre règle de foi, différente de celle et contraire à celle qu’ils proclamaient publiquement selon le mode catholique ; [10] ni qu’ils prêchassent un Dieu dans l’Église, un autre Dieu chez eux ; ni qu’ils attribuassent au Christ telle substance en public, telle autre en secret ; ni qu’ils annonçassent devant tous telle espérance de résurrection et telle autre devant le petit nombre. [11] N’adjuraient-ils pas dans leurs épîtres les fidèles de tenir un seul et même langage, de ne souffrir ni schismes ni dissensions dans l’Église, étant donné que Paul comme aussi les autres apôtres enseignaient la même chose ? [12] Ils se souvenaient d’ailleurs de ces paroles : « Que votre langage soit : oui, oui : non, non. Car ce qui est en plus vient du démon » ; et cela leur interdisait de traiter l’Évangile de différentes façons.