Page:Tertullien - De praescriptione haereticorum, trad de Labriolle, 1907.djvu/159

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lement d’un motif de rivalité et que la rivalité ne peut être antérieure à ce qu’elle jalouse ni de la même maison, un homme sensé ne pourra donc jamais croire que ce soit nous qui, venus dès l’origine et les premiers, y ayons porté une plume falsificatrice, et non pas plutôt ceux qui sont venus ensuite et qui en sont les ennemis. [7] L’un a de sa main falsifié le texte ; l’autre le sens, par son mode d’interprétation. [8] Valentin a beau paraître garder intégralement l’Écriture ; il n’est pas moins perfide que Marcion qui a matériellement attenté à la vérité. [9] Marcion, en effet, s’est servi ouvertement et publiquement non de la plume, mais du fer, et il a massacré les Écritures pour les adapter à son système. [10] Valentin les a épargnées, mais c’est qu’il accommodait, je ne dis pas les Écritures à son système, mais son système aux Écritures ; et cependant il a plus retranché, plus ajouté (que Marcion) en ôtant à chaque mot son sens propre, et en y ajoutant ses combinaisons d’êtres fantastiques.

XXXIX. Ces hommes-là procèdent des esprits de perversité, avec qui il nous faut lutter, mes frères, et qu’il nous faut donc étudier. Ils sont nécessaires à la foi pour manifester les élus et découvrir les réprouvés. [2] C’est pour cela qu’ils ont du talent, qu’ils imaginent et construisent l’erreur avec tant d’aisance : aisance dont au surplus, il ne faut pas s’émerveiller comme si elle offrait d’insurmontables difficultés, puisqu’on trouve aussi dans la littérature profane des exemples du procédé. [3] On voit aujourd’hui sortir de Virgile une fable entièrement différente où le sujet est adapté aux vers et les vers au sujet. [4] Hosidius Geta a complète-