Page:Tertullien - De praescriptione haereticorum, trad de Labriolle, 1907.djvu/47

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teneur et le caractère obligatoire[1]. — 2o Ajoutons qu’un des raisonnements les plus chers à Tertullien est celui-ci : notre doctrine est ancienne ; elle a pour soi une longue durée qui s’accroît sans cesse et qui n’a point souffert d’interruption. Les hérésies qui visent à la supplanter sont toutes, sans exception, plus récentes qu’elle : elles sont presque toutes d’hier. Elle, au contraire, a déjà derrière elle la majesté des siècles dont l’ombre auguste la protège. Argument qui s’imposait immédiatement aux esprits[2], et qui, loin d’être affaibli par le temps, devait en recevoir une autorité toujours croissante. — 3o Puis, que pouvait-on déduire de la théorie développée par Tertullien dans le De

  1. On trouvera ces passages groupés dans les Patres apostolici de Gebhardt-Harnack-Zahn, I, 2, p. 118-120, Leipzig, 1878.
  2. Ainsi Tacite, opposant aux plus récentes pratiques rituelles des Juifs leurs antiques cérémonies, déclare de celles-ci : « Hiritus quoque modo inducti antiquitate defenduntur. » Histoires, V, 5 ; cf. Th. Reinach, Textes d’auteurs grecs et latins relatifs au Judaïsme, Paris, 1895, p. 306 — Pour le même état d’esprit, cf. Minucius Felix, Octavius, VI, 1-3 (éd. Bœnig, Leipzig, 1903, p. 8). « Cum igitur aut fortuna caeca aut incerta natura sit (c’est le païen sceptique Caecilius qui parle), quanto venerabilius ac melius, antistitem veritatis majorum excipere disciplinam, religiones traditas colere etc. »