Page:Tertullien - De praescriptione haereticorum, trad de Labriolle, 1907.djvu/49

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’Église, et n’étant destinée qu’à l’Église, l’Écriture ne pouvait être comprise que dans l’Église et ne pouvait être mise en contradiction avec l’Évangile vivant[1]. » En somme, Tertullien établissait nettement la prépondérance du magistère oral sur la tradition écrite, et il formulait du même coup une thèse qui devait devenir fondamentale au sein du catholicisme[2]. — 4o Enfin l’esprit général qui se dégage du De Praescriptione et qui en pénètre toutes les parties est un esprit essentiellement catholique. C’est pour Tertullien un besoin invincible que de penser en commun, que de constater ou d’établir entre les adhérents d’une même foi la plus parfaite identité dans le détail de la croyance. Toute pensée divergente qui se complaît en elle-même, qui s’écarte de la route où la foule chemine, cette pensée-là est pour lui suspecte a priori. Toute velléité d’inquiétude ou d’indépendance lui paraît

  1. Die Einheit in der Kirche…, Tübingue, 1825, p. 40. Cf. la traduction de Goyau, Mœhler, Paris (Bloud), 1900, p. 77.
  2. Le cardinal Franzelin, dans son traité classique de Divina Traditione et Scriptura, 3e éd., Rome, 1882, p. 22, donne une pleine approbation au principe de Tertullien, dont il cite les propres paroles. — Voir aussi Sectio I, Caput I, thesis V, p. 30 et suiv. : « Vivens magisterium demonstratur perpetuum organon Traditionis christianae ex disertis verbis evangelicis et apostolicis » ; et p. 94 et suiv.