Page:Tertullien - De praescriptione haereticorum, trad de Labriolle, 1907.djvu/83

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gré au premier souffle des tentations, la masse du froment en sera rangée plus pure dans le grenier du Seigneur. [10] N’est-il pas vrai que plusieurs des disciples prirent scandale du Seigneur lui-même et s’éloignèrent de lui ? Les autres pourtant ne pensèrent pas qu’ils devaient pour cela s’écarter de ses traces. [11] Ceux qui surent qu’il était le Verbe de vie et qu’il venait de Dieu persévérèrent dans sa compagnie jusqu’à la fin, bien qu’il leur eût tranquillement offert de s’en aller eux aussi, s’ils en avaient envie. [12] Que Phygellus, Hermogène, Philetus, Hymeneus aient abandonné son apôtre, le fait est de moindre importance : celui qui a livré le Christ fut lui-même un des apôtres. [13] Nous nous étonnons de voir ses Églises abandonnées par quelques-uns : mais ce qui nous désigne comme chrétiens c’est justement ce que nous endurons à l’exemple du Christ même : « Ils sont sortis d’entre nous, est-il écrit, mais ils ne furent pas des nôtres, S’ils avaient été des nôtres ils seraient à coup sûr demeurés avec nous. »

IV. Que ne nous rappelons-nous plutôt tant les paroles du Seigneur que les lettres de l’apôtre, qui nous ont prédit qu’il y aurait des hérésies et qui nous ont enjoint de les fuir ? De même que nous ne nous troublons point de ce qu’elles existent, ne nous étonnons pas non plus de leur pouvoir, qui nous oblige à les fuir. [2] Le Seigneur nous apprend que sous des peaux de brebis viendront beaucoup de loups ravisseurs. [3] Que sont ces « peaux de brebis », sinon la profession tout extérieure et superficielle de christianisme ? Quels sont les « loups ravisseurs », sinon ces