Page:Tertullien - De praescriptione haereticorum, trad de Labriolle, 1907.djvu/89

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qu’il s’est choisi ce qui le fait condamner. Pour nous, il ne nous est pas permis de rien introduire de notre chef ni de choisir ce qu’un autre a introduit de son chef. [4] Nous avons l’exemple des apôtres du Seigneur qui n’ont eux-mêmes choisi aucune doctrine pour l’introduire de leur chef, mais qui ont fidèlement consigné aux nations le dépôt de la doctrine reçue du Christ. [5] Aussi quand un ange descendrait du Ciel pour prêcher un autre Évangile, nous lui dirions anathème. [6] Déjà l’Esprit saint avait prévu qu’il y aurait dans une vierge nommée Philoumène un ange de séduction qui, se transformant en ange de lumière, gagnerait Apelle par ses miracles et ses prestiges, et l’amènerait à introduire une nouvelle hérésie.

VII. Ce sont là les doctrines des hommes et des démons, nées de l’esprit de la sagesse mondaine pour les oreilles en prurit. Le Seigneur a traité cette sagesse de folie et il a choisi ce qui est folie selon le monde pour confondre la philosophie du monde même. [2] Car c’est la philosophie qui fournit sa matière à la sagesse mondaine, en se faisant l’interprète téméraire de la nature divine et des plans divins. En un mot, les hérésies elles-mêmes reçoivent leurs armes de la philosophie.

[3] De là, chez Valentin, les Éons et je ne sais quelles formes en nombre infini et la Trinité humaine : il avait été disciple de Platon. De là, le dieu de Marcion, bien préférable parce qu’il se tient tranquille : Marcion venait des Stoïciens. [4] De dire que l’âme est sujette à la mort, les Épicuriens n’y manquent pas. Pour nier la résurrection de la chair, on puise dans les leçons unanimes de tous les philosophes. Là où la