Page:Textes choisis (Leonardo da Vinci, transl. Péladan, 1907).djvu/184

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l’un et l’autre, par le contact et donnent un son et grand bruit.

Et le son ou murmure fait par le raréfié qui se meut dans le raréfié avec peu de mouvement, comme la grande flamme qui génère des sons dans l’air ; et le grand bruit fait par le raréfié dans le raréfié, quand le raréfié rapide pénètre dans le raréfié mobile, comme la flamme du feu sortie de la bombarde et éclatant dans l’air ; et encore la flamme sortie des nuées qui déchire l’air pour engendrer la foudre.

Nous dirons donc que l’esprit ne peut générer de voix, sans un mouvement d’air ; et il n’y a pas d’air dans l’esprit, et s’il y en avait, il ne pourrait pas le chasser et s’il veut émouvoir celui dans lequel il est infus, il faudra que l’esprit le multiplie ; or, il ne le peut, s’il n’a pas de quantité, par la raison qui dit : — rien de raréfié ne se meut s’il n’a un lieu stable d’où il prend le mouvement ; et surtout ayant à mouvoir l’élément, dans l’élément, qui ne se meut de lui-même que par vaporisation uniforme au centre de la matière vaporeuse, comme il arrive dans l’éponge serrée par la main qui se tient sous l’eau ; d’où l’eau fuit par quelque côté avec un mouvement égal à travers les ouvertures des doigts de la main qui la pressent.

Si l’esprit a voix articulée et si on peut l’entendre ?

Et quelle chose est entendre et voix ? l’onde