Page:Textes choisis (Leonardo da Vinci, transl. Péladan, 1907).djvu/304

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

FAUSSE SPLENDEUR.

530. — L’étourdi et vagabond papillon ne se contenta pas de pouvoir commodément voler dans l’air, il vint à l’attirante flamme de la chandelle, résolu à voler sur elle ; et son joyeux mouvement fut suivi d’une subite douleur. À cette lumière ses délicates ailes se consumèrent et le malheureux insecte tomba brûlé au pied du chandelier.

Après beaucoup de plaintes et lamentations il essuie les larmes qui baignent ses yeux et levant son visage dit : — Ô trompeuse lumière, combien, comme moi, tu dois avoir déjà abominablement trompés ! Oh ! j’ai voulu voir la lumière ; ne devais-je pas discerner le soleil de la fausse lueur du sale suif ? (CA. 67, r.)

LA FLAMME ET LA MARMITE.

531. — Un peu de feu, qui dans un petit charbon s’était caché, sous la cendre tiède, se jugeait avec dépit dans une situation misérable.

Quand la femme de la cuisine, pour faire sa nourriture habituelle, survient et pose le bois dans le foyer et ressuscite avec le soufflet une petite flamme et sur les bouts du bois apportés elle pose la marmite sans s’inquiéter si elle est bien d’aplomb.

Alors, ranimé le feu prend au bois sec et commence à s’élever.